L’ÉTATDE NOIRETÉ, RECHERCHE SUR LES BASES DE DONNÉES

Vous pouvez consulter cette première phasedans les archives de Vtape, principal distributeur canadien d’art vidéo (gérépar des artistes, sans but lucratif).

Cet été, Vtape soutiendra la première phasedu projet de recherche critique de la commissaire et chercheuse Andrea Fatona, The State of Blackness Database. Sous lasupervision d’Andrea Fatona (Université de l’EADO) et de Lisa Steele, directriceartistique de Vtape, la personne responsable de la recherche, Elisha Lim, a étéchargée de compiler des données sur les activités de production et deprésentation vidéo des personnes noires canadiennes entre le début des années 1980et 1999. Iel répertoriera les principaux projets de conservation d’arts visuelset médiatiques, les essais analytiques, les entretiens d’histoire orale, lesmémoires de recherche et les présentations de colloques, produits par etportant sur les artistes, critiques et commissaires noirs canadiens de la findes années 1980 à aujourd’hui. Sa recherche comprendra également uneexploration des archives de programmation de la galerie A Space et des avoirsde Vtape.

Andrea Fatona a écrit à propos de ce projet,« La collaboration et les partenariats sont des caractéristiques essentiellesdu projet State of Blackness Database, car il est fondé sur l’échange deconnaissances et de compétences entre les universitaires et les groupescommunautaires, les organisations et les individus en dehors des établissementsd’enseignement traditionnels. Le projet proposé vise à rendre visible etaccessible l’information relative aux productions canadiennes noires en artsvisuels et médiatiques qui ont été marginalisées dans les annales canadiennes d’histoires muséales contemporaines, ainsiqu’à fournir des compétences voulues aux nouveaux chercheurs et aux chercheurscommunautaires. Le projet ne vise pas seulement à centraliser les ressourcesdes commissaires noirs, mais aussi à aborder une question importante : commentles objets ethnoculturels sont-ils classés et catégorisés dans le site desarchives ?

La montée en puissance de la loi sur lemulticulturalisme [1987] marque le point de départ temporel de ce projet. (Ma) recherchedoctorale met en évidence la hausse des activités de production et deprésentation des artistes et des commissaires noirs au début des années 90en raison de l’augmentation du financement des conseils des arts qui ont adoptéles principes de la législation. Cettepériode fut également marquée par l’activisme et les contestations desproducteurs culturels racialisés concernant la représentation, le financementet le mécontentement face aux promesses du multiculturalisme. Des organisationset des collectifs comme CAN BAIA (l’organisme national canadien de présentationet de service des arts noirs), le Black Film and Video Network, la Coalitionfor the Truth About Africa, le Diasporic African Women’s Art Collective (DAWA) etle journal Our Lives sont nés à partirde ce moment.

« Pourtant, depuis la disparition de CANBAIA à la fin des années 90, peu d’attention a été accordée à la collecteet à la préservation des objets culturels et des discours qui définissent l’être-noir(« blackness ») et ses manifestations expressives dans le contextecanadien. Les données historiques sur ces projets de conservation visuelle etmédiatique amassée par CAN BAIA se trouvent la Bibliothèque et Archives Canada,mais leur usage est restreint. Il existe une multitude de renseignements nonrépertoriés et inaccessibles à travers le pays et dans les archivespersonnelles et d’organisations comme les galeries A Space, Vtape, VIVO, Artspeak,Eastern Edge, la galerie d’art de la Mount Saint Vincent University, Artspaceet la galerie d’art Chatham, pour n’en nommer que quelques-unes. Bien que cesdocuments soient accessibles à tous dans des lieux publics tels les galeriesuniversitaires et les centres d’artistes autogérés, ils ne sont pas toujoursorganisés de façons claires et faciles à retrouver. Selon les pratiquesactuelles de classification et de catégorisation, les œuvres produites par desartistes noirs sont organisées en fonction des enjeux politiques qu’ellesévoquent sans tenir suffisamment compte de leurs composantes géographiques, linguistiques,temporelles et esthétiques. Plus important encore, elles n’ont pas étéexaminées en relation avec les pratiques critiques et les discussions plusglobales dans le domaine de la conservation. Le résultat : les artistes etles commissaires noirs restent manifestement absents des discours sur l’art etla culture. »

Initialement publié sur Vtape.

Artiste queer et transgenre, Elisha Lim œuvre dans l’art de raconter des histoires, l’illustrationde bandes dessinées, la réalisation de films d’animation en pâte à modeler etla création de bandes dessinées romanesques. Iel a produit des courts métragesprimés, des tournées de livres, des expositions individuelles et collectives, desprojets de conservation et Qouleur, unfestival d’art annuel à Montréal. Le fil conducteur de tous ces projets est sapassion pour la fierté, l’espace et la solidarité des personnes queers noires, autochtoneset de couleurs. Elisha Sim est également titulaire d’une maîtrise des beaux-artsdans le programme de critique et de conservation de l’Université de l’EADO et d’unemaîtrise en littérature anglaise de l’Université de Toronto. elishalim.com